First Exposure

Traitement topique des infections vaginales à levures pendant la grossesse et l’allaitement

Rédigé par la Dre Tali Bogler et le Dr Jonathan Zipursky et revu par l’équipe de révision médicale de First Exposure.

Dre Tali Bogler, MD, CCFP, MScCH, est conseillère médicale chez First Exposure, médecin de famille et directrice du service de médecine familiale obstétrique à l’Hôpital St. Michael’s, professeure adjointe au Département de médecine familiale et communautaire et chercheuse au Li Ka Shing Knowledge Institute.

Dr Jonathan Zipursky, MD, PhD, FRCPC, est conseiller médical chez First Exposure, clinicien-chercheur au Sunnybrook Health Sciences Centre et au Sunnybrook Research Institute, et professeur adjoint au département de médecine et à l’Institute of Health Policy, Management, and Evaluation de l’Université de Toronto.

Ce sujet de santé est l’avis de spécialistes sur le traitement des infections vaginales à levures par des antifongiques topiques pendant la grossesse et l’allaitement.  

* Les renseignements fournis sont l’avis de spécialistes médicaux de First Exposure. Ils ne sont destinés à servir qu’à titre d’information et ne remplacent pas les soins médicaux et les avis des prestataires de soins de santé. Veuillez contacter votre prestataire de soins de santé si vous avez des préoccupations ou pour discuter de toute question qui vous semble pertinente ou qui l’est pour votre enfant. En cas d’urgence, veuillez vous rendre à l’urgence ou appeler le 911.   

Si vous n’avez pas de prestataire de soins de santé, veuillez vous reporter à ce qui suit : Trouver un prestataire de soins de santé

Scénario clinique

Quel est le traitement prescrit à une personne avec une infection à levures pendant la grossesse ou l’allaitement? 

Q. Qu’est-ce qu’une infection à levures? 

R. Les infections vaginales à levures (candidose vulvo-vaginale) sont généralement à l’origine de démangeaisons vaginales, de douleurs, de sécrétions vaginales anormales et de douleurs lors des rapports sexuels ou de la miction. Elles touchent environ 3 femmes sur 4 au moins une fois dans leur vie et sont plus fréquentes pendant la grossesse, car les changements hormonaux créent un environnement propice à la prolifération des levures. En général, le candida (une levure) vit dans le vagin sans causer de problèmes. Lorsqu’il croît trop, il s’agit d’une infection. Les infections vaginales à levures ne sont pas considérées comme des maladies sexuellement transmissibles, mais elles peuvent néanmoins être transmises d’un partenaire sexuel à l’autre. Leur diagnostic consiste généralement à s’informer sur les symptômes (interrogatoire), à procéder à un examen physique et à effectuer des tests de laboratoire (prélèvements vaginaux) pour identifier les levures. Il est recommandé aux personnes enceintes qui présentent des symptômes vaginaux de consulter un médecin afin d’éliminer d’autres causes possibles et de discuter des options thérapeutiques. 

Q. Quels sont les traitements les plus courants des infections à levures pendant la grossesse? 

R. Le premier traitement généralement prescrit pour soigner une infection vaginale à levures symptomatique est un antifongique topique (comme les crèmes vaginales ou les ovules/suppositoires vaginaux). Les antifongiques topiques disponibles sont le miconazole, le clotrimazole et le terconazole. Pour de meilleurs résultats pendant la grossesse, il est recommandé de prendre un traitement de sept jours au lieu d’un traitement à plus court terme. Même si ces médicaments sont vendus sans ordonnance dans les pharmacies, les personnes enceintes devraient, dans la mesure du possible, obtenir l’avis d’un médecin avant de s’autotraiter. Les prestataires de soins de santé prescrivent souvent des médicaments différents ou en ajoutent. Ce sujet de santé traite principalement de l’utilisation d’antifongiques topiques pendant la grossesse. 

Q. Peut-on utiliser des antifongiques topiques lorsqu’on essaie de concevoir? 

R. Les antifongiques topiques ne devraient pas réduire les chances de concevoir. 

Q. L’utilisation d’antifongiques topiques pendant la grossesse augmente-t-elle le risque de fausse couche? 

R. Une fausse couche survient dans environ 15 % à 20 % des grossesses (soit 1 grossesse sur 5). Aucune étude n’a démontré que l’utilisation d’antifongiques topiques comme le miconazole, le clotrimazole ou le terconazole augmente le risque de fausse couche. 

Q. L’utilisation d’antifongiques topiques pendant la grossesse augmente-t-elle le risque de malformations congénitales? 

R.Le risque de base de malformations congénitales sévères au Canada est de 3 % à 5 %. Cela signifie que 3 à 5 bébés sur 100, nés dans la population générale au Canada, présentent une malformation congénitale majeure. Des études menées sur plusieurs milliers de grossesses montrent que les antifongiques topiques n’augmentent pas le risque de malformations congénitales au-delà du risque de base. 

Q. L’utilisation d’antifongiques topiques pendant la grossesse augmente-t-elle le risque d’autres effets néfastes? 

R. Les antifongiques topiques tels que le miconazole et le clotrimazole sont peu absorbés par l’organisme, raison pour laquelle seules de très petites quantités passent dans le sang. On ne dispose pas de données probantes indiquant un risque accru d’effets néfastes liés à leur utilisation pendant la grossesse. 

Q. Peut-on utiliser des antifongiques topiques pendant l’allaitement? 

R. Il n’existe pas d’étude sur l’évaluation des concentrations d’antifongiques dans le lait humain. En revanche, étant donné que la peau et le vagin absorbent faiblement les antifongiques topiques comme le miconazole et le clotrimazole, ces derniers sont moins susceptibles de passer dans le lait humain et d’être nocifs pour l’enfant. 

Q. Existe-t-il des moyens de prévenir les infections vaginales à levures? 

R. Les données sont insuffisantes pour démontrer qu’éviter des vêtements moulants ou des environnements humides, modifier son régime alimentaire, manger du yogourt, des aliments probiotiques ou changer de vêtements mouillés contribuera à prévenir une infection à levures. Les douches vaginales sont déconseillées, car elles peuvent détruire les bactéries utiles présentes dans le vagin et qui permettent de contrôler les levures. 

Q. Avez-vous des conseils à donner à une population particulière? 

R. Certaines populations, comme celles dont le système immunitaire est affaibli (les personnes vivant avec le VIH ou un diabète mal contrôlé), sont plus susceptibles de développer des infections à levures. De plus, l’accès aux soins de santé et aux traitements peut considérablement varier d’une population à l’autre, d’où des disparités dans la prise en charge des infections à levures pendant la grossesse. Par exemple, certaines personnes peuvent avoir vécu des expériences traumatisantes ou, pour des raisons culturelles, être mal à l’aise lors d’un examen vaginal. Dans ces cas, des soins bien adaptés et  sensibles aux traumatismes , ainsi que l’autoprélèvement (prélèvement de son propre échantillon vaginal) peuvent s’avérer utiles. Pour résoudre les problèmes d’équité, des efforts doivent être déployés à plusieurs niveaux afin que toutes les personnes enceintes aient accès à des soins et à des traitements appropriés. 

Principales ressources bibliographiques :  

Clotrimazole (topique) (Internet). UpToDate, Inc. 2023 (consulté le 18 août 2023). Disponible ici : https://online.lexi.com 

Miconazole (topique). (Internet). UpToDate, Inc. (consulté le 8 août 2023). Disponible ici : https://online.lexi.com 

Aguin TJ, Sobel JD. Vulvovaginal candidiasis in pregnancy. Curr Infect Dis Rep. 2015;17(6):462.[PMID: 25916994].  

Czeizel AE, Tóth M, Rockenbauer M. No teratogenic effect after clotrimazole therapy during pregnancy. Epidemiology. 1999;10(4):437-40.[PMID: 10401880].  

Jaeger M, Plantinga TS, Joosten LA, Kullberg BJ, Netea MG. Genetic basis for recurrent vulvo-vaginal candidiasis. Curr Infect Dis Rep. 2013;15(2):136-42.[PMID: 23354953].  

Office on Women’s Health. Vaginal yeast infections Washington, D.C.: U.S. Department of Health & Human Services; 2021 (consulté le 18 août 2023). Disponible ici : https://www.womenshealth.gov/a-z-topics/vaginal-yeast-infections#:~:text=Yeast%20infections%20are%20not%20STIs,who%20has%20a%20yeast%20infection  

Rosa FW, Baum C, Shaw M. Pregnancy outcomes after first-trimester vaginitis drug therapy. Obstet Gynecol. 1987;69(5):751-5.[PMID: 3574801].    

Sobel JD. Candidose vulvo-vaginale. Lancet. 2007;369(9577):1961-71.[PMID: 17560449].  

Young GL, Jewell D. Topical treatment for vaginal candidiasis (thrush) in pregnancy. Cochrane Database Syst Rev. 2001(4):Cd000225.[PMID: 11687074]. 

Clause de non-responsabilité

First Exposure ne prodigue pas de soins de santé. Veuillez communiquer directement avec votre prestataire de soins de santé si vous avez des questions urgentes concernant votre grossesse ou la santé de votre bébé. Si vous n’en avez pas et que vous résidez en Ontario, il existe diverses options de soins de santé. En cas d’urgence, rendez–  vous à l’urgence d’un hôpital ou composez le 911.